Les années 50 étaient les années sauvages de Dexter Gordon. Musicalement parlant, ce fut une décennie perdue en raison du fait que le saxophoniste de six pieds six pouces né à Los Angeles en a passé une grande partie en prison pour des délits liés à sa dépendance à l’héroïne. Mais dans la décennie suivante, ce fut une autre histoire. Le 22 février 1960, Gordon, 36 ans, s’est vu accorder une période de libération conditionnelle de deux ans, et en novembre de la même année, sa résurgence créative a commencé lorsqu’il s’est vu offrir un contrat d’enregistrement par le producteur Alfred Lion à Dossiers de note bleuedont le fruit était une série de l’album comprenant Tout va bien, Aller!et Club-house.
Ecouter Club-house maintenant.
Au moment où Dexter Gordon est venu enregistrer la musique de ce qui est devenu Club-house, il avait déjà réalisé huit sessions d’albums pour le label indépendant new-yorkais d’Alfred Lion. Fait significatif, le saxophoniste ne vivait plus en Amérique, parti pour une tournée en Europe en 1962 qui l’a finalement vu s’installer à Copenhague, au Danemark, où il s’est refait une vie.
Club-house a été enregistré lors d’une brève visite de retour en Amérique à la fin du printemps 1965, qui a abouti à trois jours consécutifs d’enregistrement pour Blue Note en mai de la même année à L’atelier de Rudy Van Gelder dans le New Jersey. Club-house a été enregistré en premier, le 27 mai 1965, suivi de l’album Se déplacerissus des séances tenues les deux jours suivants.
Grooves addictifs, solos inventifs
Rejoindre le Club-house session était le jeune sensationnel trompettiste d’Indianapolis Freddie Hubbard, qui avait joué lors de la première session Blue Note du saxophoniste en 1962, aux côtés du pianiste Barry Harris, du bassiste Bob Cranshaw (un associé de longue date de Sonny Rollins) et du batteur Billy Higgins (qui avait déjà joué avec Gordon sur l’album Blue Note classique du saxophoniste de 1962 Aller!).
Club-houseL’ouverture de “Hanky Panky” est une marche de blues au rythme moyen écrite par Gordon. Il trouve deux cors jouant un thème brillant et contagieux à l’unisson sur un rythme 4/4 de style martial avant que le groove ne commence à se relâcher et à se balancer, permettant aux solistes (Gordon, Hubbard et Harris) de se déplacer librement.
“I’m A Fool To Want You” est une chanson associée à son co-auteur Frank Sinatra, mais Gordon, maître conteur incontesté en matière de ballades mélancoliques, se l’approprie par une interprétation lente et succulente qui met en valeur son timbre riche et sonore, encadré par un accompagnement discret de la section rythmique. Hubbard suit Gordon, son solo plus animé mais toujours en accord avec l’ambiance sombre de l’air. Gordon revient pour un deuxième passage d’improvisation, bien que cette fois il y ait une plus grande intensité dans son jeu, dénotée par la qualité de grognement qu’il imprègne dans certaines des notes graves de son saxophone.
Plus optimiste est “Devilette”, écrit par le bassiste de Nashville Ben Tucker, qui remplace Bob Cranshaw. C’est une tranche swing de hard bop classique qui se distingue par un groove addictif et des solos inventifs.
Joute avec le groupe
Club-houseLa chanson titre de , un autre original de Gordon, a des notes de be-bop compositeur/pianiste Tadd Dameron dans son ADN musical. C’est une pièce élégante avec des cors à l’unisson sur une section rythmique fluide et des solos remarquables de l’assuré Gordon et du plus extraverti Hubbard. La batterie cinétique de Higgins est également présentée dans une section de coda d’appel et de réponse où il joute avec le groupe.
Club-house se termine par « Jodi », une ballade nocturne douce-amère écrite par Gordon. C’est une pièce délicate et magnifiquement travaillée qui permet au saxophoniste de montrer à quel point il sait jouer avec tendresse.
Mais Club-house était un album fort, pour des raisons inconnues, Alfred Lion et Blue Note ont décidé de le mettre en veilleuse à l’époque, préférant sortir le Se déplacer séances à la place. Club-house a ensuite été oublié et a pris la poussière pendant 13 ans dans les coffres du label avant que le producteur Michael Cuscuna ne donne finalement le feu vert à sa sortie en 1979.
Sous la supervision du célèbre producteur Joe Harley, le nouveau très attendu Poète de ton édition de Club-house a été maîtrisé depuis Rudy Van GelderLes bandes maîtresses analogiques originales de par le célèbre ingénieur Kevin Gray de Cohearent Audio. En plus d’avoir un son sublime, l’album est élégamment logé dans une pochette gatefold renforcée par des photos de session supplémentaires par Francis Wolff de Blue Note.
Le Poète de ton les rééditions peuvent être achetées ici.